Sara Imloul aux rencontres d’Arles (2022)

La photographe plasticienne Sara Imloul sera exposée à la Fondation Manuel Riviera-Ortiz à partir du 4 juillet 2022 sur une proposition du groupe FOTOHAUS dans le cadre du programme « Dress Code ». Ce programme réunit une trentaine d’artistes proposant autant de regards singuliers sur le vêtement et l’identité dans le monde.

Sara Imloul présentera sa série Passage dans un duo show avec l’artiste finlandaise Elina Brotherus intitulé « Les Règles du jeu ».

En défilé :

« Il y a des images trop pleines d’histoires, tellement lourdes de récits qu’elles les laissent tranquillement se répandre comme les couleurs s’étalent sur le monde. Ces images coulent et, face à elles, nous sommes pris.e.s dans un flot de mots possibles et de mondes cachés. Il y a une certaine magie à traverser ces images, on vole d’un espace à l’autre sans jamais se cogner car il y a trop
de choses à dire, des chants plein les oreilles, des paysages plein le nez.

Les images d’Elina Brotherus, photographe et vidéaste finlandaise, jouent sans cesse avec les règles de ce jeu qui peut aussi s’écrire « je » et qui passe, sans se lasser, du mot au vu, du vu au poème, du poème à tout ce qui dans le cadre peut rire en silence. Elina se met en scène dans ses photographies en travaillant autant la mise en abîme que la dérision. Elle voyage ainsi avec  désinvolture de l’autofiction au regard sur le paysage, de la réappropriation de l’histoire de l’art à des inventions formelles mêlant image fixes et images en mouvement. Alors oui, le travail d’Elina Brotherus
racontent des histoires qui pourraient s’apparenter à des contes oubliés. La fable d’une balle rouge saisie dans son envol pour Baldessari Assignements (2016- ), celle des femmes seules de la maison Carré (2015-2018) et la comptine éternelle de l’artiste et son modèle qu’elle module à foison en se dédoublant. Dans les histoires d’Elina Brotherus l’image s’inscrit toujours à la lisière d’une forêt où l’ironie et la mélancolie se côtoient avec bienveillance. Il y a une douceur dans ce regard, quelque chose qui donne aux formes bêtes de l’existence des allures de roman.

Ce roman silencieux s’écrit aussi comme un écho en négatif dans les jeux de mises en scène de Sara Imloul, jeune photographe française. Sara construit des images en noir et blanc réinterprétant toujours un peu plus follement ce qu’ouvraient les surréalistes dans les années 1920. Dans Passages, elle plonge dans une
archéologie contemporaine en installant des objets qui, du simple fait de leur position, racontent les mystères fous de tout ce que l’on ne voit pas. À la manière de Brassaï, elle réinvente les signes en les domptant dans son cadre. Montage infini des formes, passage de relais entre ce que l’on voit et tout ce qui pourrait être si on se donnait un tout petit temps pour la magie.

Et il y a tant de magie dans ces images pleines d’histoires, celles qui détournent le réel pour mieux entendre son rire. »

Emilie Houssa
(co-directrice du Centre Claude Cahun pour la photographie contemporain, ancienne Galerie Confluence, Nantes)

 

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